Deborah Bowmann

novembre 2020

Amaury Daurel et Victor Delestre

Salon de Normandy

©Aurélien Mole

Temple Magazine

Vous êtes à l’initiative du projet Deborah Bowmann à Bruxelles, est-ce que vous pouvez nous le présenter ?

Amaury Daurel

C’est un projet initié en 2014, que l’on pense avant tout comme une collaboration d’artistes. C’est à la fois une pratique curatoriale, une galerie et un duo d’artistes. C’est autant une entité artistique qu’un espace physique qui déconstruit autant la pratique de l’artiste en atelier que la pratique classique d’une galerie. Les œuvres que l’on produit sous le nom de Deborah Bowmann sont souvent des dispositifs scénographiques. C’est un projet hybride que l’on essaie de renouveler constamment.

Temple Magazine

Qu’est-ce qui définit vos choix curatoriaux ? Vous invitez des artistes de votre réseau, que vous aimez ?

Victor Delestre

C’est des gens qui sont tous nés en mars.

Amaury Daurel

Essentiellement des poissons.

Victor Delestre

Non, c’est en fonction des expositions. Parfois on débute avec une idée très spécifique, l’invitation s’adapte à l’idée première. Des fois on invite quelqu’un pour une pratique artistique précise et on construit l’exposition ensuite. Par exemple, avec Daniel Dewar et Grégory Gicquel, une série de présentoirs avait été réalisée en s’adaptant à leurs pièces.

Amaury Daurel

Ce qui définit nos choix c’est avant tout de mettre en place des principes de collaborations ou de création de contextes. Il y a des artistes dont on adore le boulot mais on ne trouve pas le projet adéquat à réaliser, donc on ne travaille pas avec eux, car le projet passe devant.

Temple Magazine

Vous avez investi en octobre une des chambres du Salon de Normandy composée d’objets que vous avez fabriqués. Qu’est-ce qui a guidé vos choix dans cette mise en espace ?

Amaury Daurel

On a demandé à ce que la chambre soit vidée de tout son mobilier pour le remplacer par le nôtre. L’idée était de présenter du travail de Deborah Bowmann tout en créant notre version d’une chambre du Salon de Normandy. Une chambre fantasmée dans une esthétique crédible par rapport au contexte de l’hôtel. Il y avait un mélange d’objets fonctionnels et non-fonctionnels ; dont certains font partie de notre intimité, et de notre mythologie personnelle.

Temple Magazine

Notamment les deux lits, qui semblaient appartenir à l’espace de la chambre ?

Victor Delestre

Oui, nous avons produit ces lits en 2015 pour notre espace Deborah Bowmann à Bruxelles et les avons utilisés pour notre usage personnel quand nous vivions sous notre galerie. Ces objets ont été construits dans un but avant tout pratique ; il fallait qu’ils soient facilement et rapidement pliables car nous n’étions pas autorisés à y dormir. Une partie du mobilier provient d’une scénographie que nous avions réalisée pour l’exposition ‘Leonard Koren and guests’ à La Loge. Ce projet de scénographie parle bien de ce rapport d’imbrication entre l’art et la vie, c’est-à-dire d’art total. Depuis le début il y a ce flou, cette indécision sur les limites de notre projet, où il commence et où il s’arrête. C’est le cas aussi pour notre intervention au Salon de Normandy, les frontières sont poreuses entre ce qui est intime et ce qui est public, ce qui est de l’ordre du spectacle et ce qui est de l’ordre de notre réalité.

Temple Magazine

Tous vos objets étaient à vendre, comment avez-vous mis en place un modèle économique qui semble récurrent dans vos expositions, notamment pour Fred Chaussures ?

Amaury Daurel

Dès l’origine du projet Deborah Bowmann l’idée est de se saisir de tous les paramètres propres à l’espace d’exposition afin de s’en saisir dans les projets. Pour Fred Chaussures, on a réfléchi à l’économie de l’art comme point de départ. Il y avait comme principe que l’économie de la chaussure bon marché soit ici appliquée à l’économie de l’œuvre. Dans un système d’équivalence le prix de l’œuvre ne dépend plus de sa qualité plastique mais de ce qu’il représente – par exemple une chaussure représentant un mocassin sera plus chère qu’une sandale. Le projet du Salon de Normandy réunit un principe économique différent mais similaire : le fait de créer une accessibilité. On a envie de se dire que nous ou nos amis pouvons acheter ces œuvres et donc qu’une réelle circulation des œuvres est possible.

Temple Magazine

Vous travaillez sur une prochaine exposition chez Deborah Bowmann en ce moment ?

Victor Delestre

On vient de décaler une exposition qui sera en collaboration avec le duo d’artistes Gaillard & Claude.

Amaury Daurel

On aime bien cette idée de double duo, d’exposition à quatre mains. On est aussi les curateurs de l’exposition du Antwerp Art Weekend qui a lieu chaque année à Anvers. Nous avions été invités pour l’édition 2020 qui est repoussée au mois de mai de l’année prochaine. On relance également une édition d’objets de noël dans la lignée du Salon de Normandy, en réfléchissant à une façon pertinente et intéressante de mettre ça en place. Ce sera en vente sur notre site.

Temple Magazine

C’est assez rare de pouvoir se permettre d’acheter une œuvre d’artistes, comme pour Fred Chaussures, ce qui permet en même temps de soutenir votre projet.

Et par curiosité, est-ce que vos costumes sont du sur-mesure ?

Victor Delestre

Pas du tout, ce sont des costumes standards bon marché. Il y en a un qu’on a acheté spécialement boulevard de Clichy pour notre nomination à la Fondation Ricard, du quart de demi-mesure.

Amaury Daurel

Nos costumes sont tous pour nous liés à des histoires et à des projets. Celui que j’avais la semaine du Salon de Normandy par exemple était le costard originel qui a d’ailleurs pris à moitié feu et a été recousu. Ce sont maintenant des archives, des reliques à nos yeux. Ils tiennent mal donc on les répare de manière assez grossière.

Temple Magazine

Vous êtes à l’initiative du projet Deborah Bowmann à Bruxelles, est-ce que vous pouvez nous le présenter ?

Amaury Daurel

C’est un projet initié en 2014, que l’on pense avant tout comme une collaboration d’artistes. C’est à la fois une pratique curatoriale, une galerie et un duo d’artistes. C’est autant une entité artistique qu’un espace physique qui déconstruit autant la pratique de l’artiste en atelier que la pratique classique d’une galerie. Les œuvres que l’on produit sous le nom de Deborah Bowmann sont souvent des dispositifs scénographiques. C’est un projet hybride que l’on essaie de renouveler constamment.

Temple Magazine

Qu’est-ce qui définit vos choix curatoriaux ? Vous invitez des artistes de votre réseau, que vous aimez ?

Victor Delestre

C’est des gens qui sont tous nés en mars.

Amaury Daurel

Essentiellement des poissons.

Victor Delestre

Non, c’est en fonction des expositions. Parfois on débute avec une idée très spécifique, l’invitation s’adapte à l’idée première. Des fois on invite quelqu’un pour une pratique artistique précise et on construit l’exposition ensuite. Par exemple, avec Daniel Dewar et Grégory Gicquel, une série de présentoirs avait été réalisée en s’adaptant à leurs pièces.

Amaury Daurel

Ce qui définit nos choix c’est avant tout de mettre en place des principes de collaborations ou de création de contextes. Il y a des artistes dont on adore le boulot mais on ne trouve pas le projet adéquat à réaliser, donc on ne travaille pas avec eux, car le projet passe devant.

Temple Magazine

Vous avez investi en octobre une des chambres du Salon de Normandy composée d’objets que vous avez fabriqués. Qu’est-ce qui a guidé vos choix dans cette mise en espace ?

Amaury Daurel

On a demandé à ce que la chambre soit vidée de tout son mobilier pour le remplacer par le nôtre. L’idée était de présenter du travail de Deborah Bowmann tout en créant notre version d’une chambre du Salon de Normandy. Une chambre fantasmée dans une esthétique crédible par rapport au contexte de l’hôtel. Il y avait un mélange d’objets fonctionnels et non-fonctionnels ; dont certains font partie de notre intimité, et de notre mythologie personnelle.

Temple Magazine

Notamment les deux lits, qui semblaient appartenir à l’espace de la chambre ?

Victor Delestre

Oui, nous avons produit ces lits en 2015 pour notre espace Deborah Bowmann à Bruxelles et les avons utilisés pour notre usage personnel quand nous vivions sous notre galerie. Ces objets ont été construits dans un but avant tout pratique ; il fallait qu’ils soient facilement et rapidement pliables car nous n’étions pas autorisés à y dormir. Une partie du mobilier provient d’une scénographie que nous avions réalisée pour l’exposition ‘Leonard Koren and guests’ à La Loge. Ce projet de scénographie parle bien de ce rapport d’imbrication entre l’art et la vie, c’est-à-dire d’art total. Depuis le début il y a ce flou, cette indécision sur les limites de notre projet, où il commence et où il s’arrête. C’est le cas aussi pour notre intervention au Salon de Normandy, les frontières sont poreuses entre ce qui est intime et ce qui est public, ce qui est de l’ordre du spectacle et ce qui est de l’ordre de notre réalité.

Temple Magazine

Tous vos objets étaient à vendre, comment avez-vous mis en place un modèle économique qui semble récurrent dans vos expositions, notamment pour Fred Chaussures ?

Amaury Daurel

Dès l’origine du projet Deborah Bowmann l’idée est de se saisir de tous les paramètres propres à l’espace d’exposition afin de s’en saisir dans les projets. Pour Fred Chaussures, on a réfléchi à l’économie de l’art comme point de départ. Il y avait comme principe que l’économie de la chaussure bon marché soit ici appliquée à l’économie de l’œuvre. Dans un système d’équivalence le prix de l’œuvre ne dépend plus de sa qualité plastique mais de ce qu’il représente – par exemple une chaussure représentant un mocassin sera plus chère qu’une sandale. Le projet du Salon de Normandy réunit un principe économique différent mais similaire : le fait de créer une accessibilité. On a envie de se dire que nous ou nos amis pouvons acheter ces œuvres et donc qu’une réelle circulation des œuvres est possible.

Temple Magazine

Vous travaillez sur une prochaine exposition chez Deborah Bowmann en ce moment ?

Victor Delestre

On vient de décaler une exposition qui sera en collaboration avec le duo d’artistes Gaillard & Claude.

Amaury Daurel

On aime bien cette idée de double duo, d’exposition à quatre mains. On est aussi les curateurs de l’exposition du Antwerp Art Weekend qui a lieu chaque année à Anvers. Nous avions été invités pour l’édition 2020 qui est repoussée au mois de mai de l’année prochaine. On relance également une édition d’objets de noël dans la lignée du Salon de Normandy, en réfléchissant à une façon pertinente et intéressante de mettre ça en place. Ce sera en vente sur notre site.

Temple Magazine

C’est assez rare de pouvoir se permettre d’acheter une œuvre d’artistes, comme pour Fred Chaussures, ce qui permet en même temps de soutenir votre projet.

Et par curiosité, est-ce que vos costumes sont du sur-mesure ?

Victor Delestre

Pas du tout, ce sont des costumes standards bon marché. Il y en a un qu’on a acheté spécialement boulevard de Clichy pour notre nomination à la Fondation Ricard, du quart de demi-mesure.

Amaury Daurel

Nos costumes sont tous pour nous liés à des histoires et à des projets. Celui que j’avais la semaine du Salon de Normandy par exemple était le costard originel qui a d’ailleurs pris à moitié feu et a été recousu. Ce sont maintenant des archives, des reliques à nos yeux. Ils tiennent mal donc on les répare de manière assez grossière.

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