Jean-Baptiste Janisset
décembre 2020
Sourire aux Anges
Possédé·e·s au MO.CO Panacée, curation Vincent Honoré
& Sourire aux Anges du Frioul sur une invitation du PAC Provence Art contemporain
© Marc Domage
Temple Magazine
Ta pièce Sourire aux Anges réalisée pour l’exposition Possédé·e·s au MO.CO Panacée, a été produite directement sur place ?
Jean-Baptiste Janisset
La pièce a été faite en amont à Dijon dans l’Atelier Chiffonnier. J’ai travaillé deux mois sur sa construction, aidé par un ami. Elle est constituée de cabanes pour enfants d’occasion et supporte 500kg de plomb qui viennent couvrir l'architecture.
Cette œuvre est une sorte d’autel aux esprits de mon enfance et à ceux d’aujourd’hui, une rencontre de ce que j’ai été, de ce que je suis, de ce que mes ancêtres ou mon entourage ont été et des forces qui façonnent notre époque. Pour moi, c’est important que les cabanes et le plomb soient d’occasion. Les cabanes ont servi à des enfants qui y ont joué, peut-être même avec des êtres imaginaires, elles sont habitées de souvenirs.
Temple Magazine
Ces deux installations Sourire aux Anges (exposées au MO.CO et sur l’île du Frioul) ont été pensées comme un ensemble ?
Jean-Baptiste Janisset
J’ai entamé cette série, Sourire aux anges, lors d’une exposition à l’atelier Chiffonnier à Dijon. Depuis, j’ai bâti celle du MO.CO et celle du Frioul avec la même idée, celle d’ériger des autels qui pour moi ont quelque chose de mystique et qui je l’espère, peuvent ce sentiment du sacré pour ceux qui les voient. À terme, j’aimerais regrouper toutes ces architectures qui auront été habitées par les lieux où elles ont été exposées, par les personnes qui les auront vues, comme je rassemble des moulages d’horizons divers, pour raconter une nouvelle histoire, créer de nouveaux syncrétismes.
Temple Magazine
Elles sont orientées pour avoir une interaction avec le public ? Elles sont praticables ?
Jean-Baptiste Janisset
J’aimerais que ces cabanes produisent chez ceux qui les regardent le sentiment du sacré, qui est plus universel que les religions individuelles. Je me dis que ceux qui se disent areligieux ou rationnels peuvent malgré tout apprécier l’art sacré sans y voir de force transcendantale.
Je me promène beaucoup dans les cimetières. J’y vois des monuments incroyables que les gens ont érigés pour que les mondes visibles et invisibles communiquent. J’ai le sentiment que même les personnes qui ne croient pas en des forces surnaturelles peuvent y être sensibles. J’espère que ces personnes peuvent aussi se retrouver dans mes œuvres. Par exemple dans le mélange de symboles religieux et de l’ordre du rituel (comme les plaques de cheminée) ; une rencontre entre des univers à priori éloignés (la religion et le jeu), etc.
Temple Magazine
Pour composer ce qui recouvre tes pièces, tu vas directement réaliser les moules dans des lieux de culte qui t'inspirent. Pour ton installation réalisée au MO.CO d’où est-ce que ces moulages proviennent ?
Jean-Baptiste Janisset
C’est une accumulation de moulages d’au moins trois années de prospection. Il y a des moulages qui viennent d'un temple à Kyoto au Japon, d’autres qui proviennent d'ossements d'un bœuf et d'un chameau sacrifiés pour le Magal de Touba au Sénégal, de l'église Saint Jean-Baptiste de Bastia, de cimetières en Toscane... Il y a aussi beaucoup de plaques de cheminées aussi, elles m’intéressent parce qu’elles ont trait à un rituel laïque, celui de se retrouver autour d’un feu.
Il y a certaines églises en France où j’ai une sorte d’accord avec les paroissiens. Je suis collectionneur de symboles historiques et de cultes. Continuellement, je cherche à renouveler mes formes. En ce moment, je suis sur le point de faire un partenariat avec l’Hôtel Agar à Cavaillon, c’est un peu un de mes nouveaux terrains de jeu. Ils ont des sculptures de chiens qui datent de la période des Médicis, c’est une période où on a commencé à considérer que les animaux avaient une conscience et à les édifier en sculpture. À un moment donné je fige donc l’ensemble de ces recherches, j’accumule de nouveaux moulages pour mes prochaines architectures.
Temple Magazine
Dans tes installations il y a aussi ce travail de la lumière, de mise en scène ce qui donne un aspect presque cinématographique, comme un vieux film de John Carpenter.
Jean-Baptiste Janisset
Comme j’espère créer ce sentiment d’un univers sacré, je m’inspire des vitraux des églises ou de certains caveaux funéraires, je pense aussi aux feux follets. A l’intérieur des cabanes, je dépose des objets. Éclairés par ces lumières colorées, ils semblent appartenir à un autre monde.
Ce n’est pas par hasard si Hollywood a repris ce genre de couleurs pour évoquer le paranormal, il y a quelque chose de spectaculaire, de fascinant dans l’art religieux qui doit plaire à l’industrie du cinéma.
Temple Magazine
Et d’où te vient cette fascination, cet attrait pour les reliques religieuses ?
Jean-Baptiste Janisset
Au-delà des reliques, je suis fasciné par la force magique des objets et la façon qu’ont les humains de leur donner un caractère sacré. Lors du démontage de l’installation sur l'île du Frioul, j’ai découvert qu’une personne y avait déposé un vœu dans une boîte de pellicule photo. J’aimerais que toutes mes sculptures provoquent ce type de rituels. Le fait d’être en pleine nature offre un passe droit dans l’action du spectateur.rice. Cette accumulation crée des sculptures très riches, chacun est libre d’en avoir sa propre lecture. C’est très généreux et pas du tout autoritaire.
Temple Magazine
Ta pièce Sourire aux Anges réalisée pour l’exposition Possédé·e·s au MO.CO Panacée, a été produite directement sur place ?
Jean-Baptiste Janisset
La pièce a été faite en amont à Dijon dans l’Atelier Chiffonnier. J’ai travaillé deux mois sur sa construction, aidé par un ami. Elle est constituée de cabanes pour enfants d’occasion et supporte 500kg de plomb qui viennent couvrir l'architecture.
Cette œuvre est une sorte d’autel aux esprits de mon enfance et à ceux d’aujourd’hui, une rencontre de ce que j’ai été, de ce que je suis, de ce que mes ancêtres ou mon entourage ont été et des forces qui façonnent notre époque. Pour moi, c’est important que les cabanes et le plomb soient d’occasion. Les cabanes ont servi à des enfants qui y ont joué, peut-être même avec des êtres imaginaires, elles sont habitées de souvenirs.
Temple Magazine
Ces deux installations Sourire aux Anges (exposées au MO.CO et sur l’île du Frioul) ont été pensées comme un ensemble ?
Jean-Baptiste Janisset
J’ai entamé cette série, Sourire aux anges, lors d’une exposition à l’atelier Chiffonnier à Dijon. Depuis, j’ai bâti celle du MO.CO et celle du Frioul avec la même idée, celle d’ériger des autels qui pour moi ont quelque chose de mystique et qui je l’espère, peuvent ce sentiment du sacré pour ceux qui les voient. À terme, j’aimerais regrouper toutes ces architectures qui auront été habitées par les lieux où elles ont été exposées, par les personnes qui les auront vues, comme je rassemble des moulages d’horizons divers, pour raconter une nouvelle histoire, créer de nouveaux syncrétismes.
Temple Magazine
Elles sont orientées pour avoir une interaction avec le public ? Elles sont praticables ?
Jean-Baptiste Janisset
J’aimerais que ces cabanes produisent chez ceux qui les regardent le sentiment du sacré, qui est plus universel que les religions individuelles. Je me dis que ceux qui se disent areligieux ou rationnels peuvent malgré tout apprécier l’art sacré sans y voir de force transcendantale.
Je me promène beaucoup dans les cimetières. J’y vois des monuments incroyables que les gens ont érigés pour que les mondes visibles et invisibles communiquent. J’ai le sentiment que même les personnes qui ne croient pas en des forces surnaturelles peuvent y être sensibles. J’espère que ces personnes peuvent aussi se retrouver dans mes œuvres. Par exemple dans le mélange de symboles religieux et de l’ordre du rituel (comme les plaques de cheminée) ; une rencontre entre des univers à priori éloignés (la religion et le jeu), etc.
Temple Magazine
Pour composer ce qui recouvre tes pièces, tu vas directement réaliser les moules dans des lieux de culte qui t'inspirent. Pour ton installation réalisée au MO.CO d’où est-ce que ces moulages proviennent ?
Jean-Baptiste Janisset
C’est une accumulation de moulages d’au moins trois années de prospection. Il y a des moulages qui viennent d'un temple à Kyoto au Japon, d’autres qui proviennent d'ossements d'un bœuf et d'un chameau sacrifiés pour le Magal de Touba au Sénégal, de l'église Saint Jean-Baptiste de Bastia, de cimetières en Toscane... Il y a aussi beaucoup de plaques de cheminées aussi, elles m’intéressent parce qu’elles ont trait à un rituel laïque, celui de se retrouver autour d’un feu.
Il y a certaines églises en France où j’ai une sorte d’accord avec les paroissiens. Je suis collectionneur de symboles historiques et de cultes. Continuellement, je cherche à renouveler mes formes. En ce moment, je suis sur le point de faire un partenariat avec l’Hôtel Agar à Cavaillon, c’est un peu un de mes nouveaux terrains de jeu. Ils ont des sculptures de chiens qui datent de la période des Médicis, c’est une période où on a commencé à considérer que les animaux avaient une conscience et à les édifier en sculpture. À un moment donné je fige donc l’ensemble de ces recherches, j’accumule de nouveaux moulages pour mes prochaines architectures.
Temple Magazine
Dans tes installations il y a aussi ce travail de la lumière, de mise en scène ce qui donne un aspect presque cinématographique, comme un vieux film de John Carpenter.
Jean-Baptiste Janisset
Comme j’espère créer ce sentiment d’un univers sacré, je m’inspire des vitraux des églises ou de certains caveaux funéraires, je pense aussi aux feux follets. A l’intérieur des cabanes, je dépose des objets. Éclairés par ces lumières colorées, ils semblent appartenir à un autre monde.
Ce n’est pas par hasard si Hollywood a repris ce genre de couleurs pour évoquer le paranormal, il y a quelque chose de spectaculaire, de fascinant dans l’art religieux qui doit plaire à l’industrie du cinéma.
Temple Magazine
Et d’où te vient cette fascination, cet attrait pour les reliques religieuses ?
Jean-Baptiste Janisset
Au-delà des reliques, je suis fasciné par la force magique des objets et la façon qu’ont les humains de leur donner un caractère sacré. Lors du démontage de l’installation sur l'île du Frioul, j’ai découvert qu’une personne y avait déposé un vœu dans une boîte de pellicule photo. J’aimerais que toutes mes sculptures provoquent ce type de rituels. Le fait d’être en pleine nature offre un passe droit dans l’action du spectateur.rice. Cette accumulation crée des sculptures très riches, chacun est libre d’en avoir sa propre lecture. C’est très généreux et pas du tout autoritaire.