Lisa Signorini

février 2021

Solo show chez Exo Exo, You are a burning house I want to live

Lisa Signorini

Je me nomme Lisa Signorini et je suis une sorte de couteau suisse, à ne pas confondre avec une touche à tout. J’aime beaucoup jouer, dans tous les sens du terme. Et j’ai une prépondérance pour les discussions profondes. Je me sens très vivante quand je fais des improvisations de personnages, c’est ma plus grande vocation je pense. Si des inconnus sont présents durant ces jaillissements, ils voient la part la plus intime de mon être.

Mes pratiques se rejoignent et forment un tout. Principalement des vidéos, du dessin, de la musique, réalisation, écriture/ghostwriter etc. Je suis également une connaisseuse de l'Éthérique, ce qui m'a amenée à être cartomancienne.

Je suis très heureuse que de plus en plus de gens aient plusieurs casquettes également et le vivent sans se poser de questions ou ressentir le jugement d'autrui.

Avant, on payait le prix d'être multiple.

Temple Magazine

Compte tenu de la diversité de ce que tu produis, comment définirais-tu le point de départ d’un projet ?

Lisa Signorini

L’émotion, l'intensité et les fantasmes. Créer est la seule chose qui me permette de transmuter les émotions que l’on ressent, perpétuellement. C’est aussi une manière de s’approprier le réel, faire un marque page du temps. Donner un sens. Quand on crée on s’échappe. Une fois revenu à la réalité, on a en face de soi une traduction visuelle et sonore des sensations ressenties au fond de nous. Transmuter, c'est un bouclier productif dans lequel on peut quand même se permettre de vivre sa vulnérabilité. C'est aussi une manière de faire quelque chose de positif de sa programmation humaine au lieu de la subir comme un pantin. Comme se re-posséder. Le point de départ est toujours l'Amour, vécu à travers de nombreux prismes.

Temple Magazine

Tu parles aussi de « l’enfer du détail » dans tes dessins comme une forme d’obsession par la répétition d’utilisations d’outils, de techniques. Qu’est ce qui te fascine, qu’est ce qui produit des pulsions chez toi ?

Lisa Signorini

Par définition, la pulsion est une force à la limite de l’organique et du psychique qui permet de résoudre une tension venant de l’organisme. J’adore le one-shot, où on ne se pose aucune question et on est guidé de manière pulsionnelle dans un acte de création. En terme d'outils, récemment je m'adonne à la peinture à l'huile et je comprends pourquoi les peintres ne font que ça. Le médium se prête à l'obsession.

Certaines personnes préparent en amont, écrivent ou réfléchissent avant. Je suis fascinée par la spontanéité. Récemment j'ai collaboré en musique et écriture avec des gens pour des films et autres choses visuelles, c'était le parfait ying-yang entre un esprit organisé et mon esprit ouragan. J'espère continuer à collaborer car je trouve que c'est extrêmement riche, une fusion mentale. 

Temple Magazine

On retrouve sur ton compte Instagram ton quotidien, ton travail, des mises en scène comme dans ta vidéo INSTA HATE. Est-ce que tu vois ce réseau social comme un prolongement naturel de ton œuvre ?

Lisa Signorini

Fut un temps, absolument. C’était par ailleurs une période vraiment joyeuse. L’instantané de cette plateforme permettait de capturer des moments, créer des narratives sur le vif, faire jouer mes amis, immortaliser nos osmoses et jouer avec la notion de temps (qui n'existe peut-être pas). C’était une invitation à l’imagination, aux rires, avec un rythme très rapide, tout ce que j’aime. Bon enfant.

À présent, vu que le monde a changé, je n’ai plus ce rapport. La dimension Insta Story est beaucoup trop égotique pour l'époque inédite dans laquelle nous sommes depuis un an. Mais j’ai énormément d’archives-trésors.

Temple Magazine

Peux-tu nous parler de ta résidence au Confort Moderne, notamment le projet musical Bomba Lacryma ?

Lisa Signorini

Le Confort Moderne est un lieu absolument incroyable. ll y règne une atmosphère très unique, indescriptible. Il y a également une énorme fanzinothèque extrêmement pointue. J’y ai fait de très belles rencontres et j’ai pu m’immerger dans Bomba Lacryma. Quand on devient amoureux de la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) et qu'une occasion se présente, vous offre le temps de ne faire que ça, c'est un cadeau céleste. Bomba Lacryma est une façon détournée de dire Bombe Lacrymogène. C'était après avoir été en aquarium de cette substance enfermée dans un bar suite à un affrontement. L'asphyxie du feu se mélangeait à la lacrymogène, c'était Armageddon. Des groupes improbables de gens étaient réfugiés ensemble, à tousser et pleurer.
Puis, un garçon a gentiment installé Ableton sur mon laptop. J'ai fait mon premier track en pensant à une amie, j'ai chanté des choses qu'elle m'a dit. (https://soundcloud.com/lisasign/dats-right-l) J'ai appris sa mort le lendemain. Je suis depuis, très assidue en Ableton.
Les gens se rapprochent beaucoup plus lorsqu'ils partagent des moments douloureux ensemble, je pense que la même chose opère avec les médiums.
Ableton, permet de plonger très longtemps dans la création. Le temps s’arrête, on relève la tête, cinq heures sont passées. À la toute base de mon aventure avec ce logiciel, je voulais seulement faire des tracks de house music pour les mettre sur mes vidéos. Puis j’ai été frappée à quel point créer de la musique est comme un acte magique. C’est une sorte de soin envers soi-même. Ableton est hypnotique à souhait, car les possibilités sont infinies. Je pense que tout le monde devrait se mettre à la MAO. C'est le meilleur outil de transmutation car c'est intime, certes, mais immédiat.

 

Lisa Signorini

Je me nomme Lisa Signorini et je suis une sorte de couteau suisse, à ne pas confondre avec une touche à tout. J’aime beaucoup jouer, dans tous les sens du terme. Et j’ai une prépondérance pour les discussions profondes. Je me sens très vivante quand je fais des improvisations de personnages, c’est ma plus grande vocation je pense. Si des inconnus sont présents durant ces jaillissements, ils voient la part la plus intime de mon être.

Mes pratiques se rejoignent et forment un tout. Principalement des vidéos, du dessin, de la musique, réalisation, écriture/ghostwriter etc. Je suis également une connaisseuse de l'Éthérique, ce qui m'a amenée à être cartomancienne.

Je suis très heureuse que de plus en plus de gens aient plusieurs casquettes également et le vivent sans se poser de questions ou ressentir le jugement d'autrui.

Avant, on payait le prix d'être multiple.

Temple Magazine

Compte tenu de la diversité de ce que tu produis, comment définirais-tu le point de départ d’un projet ?

Lisa Signorini

L’émotion, l'intensité et les fantasmes. Créer est la seule chose qui me permette de transmuter les émotions que l’on ressent, perpétuellement. C’est aussi une manière de s’approprier le réel, faire un marque page du temps. Donner un sens. Quand on crée on s’échappe. Une fois revenu à la réalité, on a en face de soi une traduction visuelle et sonore des sensations ressenties au fond de nous. Transmuter, c'est un bouclier productif dans lequel on peut quand même se permettre de vivre sa vulnérabilité. C'est aussi une manière de faire quelque chose de positif de sa programmation humaine au lieu de la subir comme un pantin. Comme se re-posséder. Le point de départ est toujours l'Amour, vécu à travers de nombreux prismes.

Temple Magazine

Tu parles aussi de « l’enfer du détail » dans tes dessins comme une forme d’obsession par la répétition d’utilisations d’outils, de techniques. Qu’est ce qui te fascine, qu’est ce qui produit des pulsions chez toi ?

Lisa Signorini

Par définition, la pulsion est une force à la limite de l’organique et du psychique qui permet de résoudre une tension venant de l’organisme. J’adore le one-shot, où on ne se pose aucune question et on est guidé de manière pulsionnelle dans un acte de création. En terme d'outils, récemment je m'adonne à la peinture à l'huile et je comprends pourquoi les peintres ne font que ça. Le médium se prête à l'obsession.

Certaines personnes préparent en amont, écrivent ou réfléchissent avant. Je suis fascinée par la spontanéité. Récemment j'ai collaboré en musique et écriture avec des gens pour des films et autres choses visuelles, c'était le parfait ying-yang entre un esprit organisé et mon esprit ouragan. J'espère continuer à collaborer car je trouve que c'est extrêmement riche, une fusion mentale. 

Temple Magazine

On retrouve sur ton compte Instagram ton quotidien, ton travail, des mises en scène comme dans ta vidéo INSTA HATE. Est-ce que tu vois ce réseau social comme un prolongement naturel de ton œuvre ?

Lisa Signorini

Fut un temps, absolument. C’était par ailleurs une période vraiment joyeuse. L’instantané de cette plateforme permettait de capturer des moments, créer des narratives sur le vif, faire jouer mes amis, immortaliser nos osmoses et jouer avec la notion de temps (qui n'existe peut-être pas). C’était une invitation à l’imagination, aux rires, avec un rythme très rapide, tout ce que j’aime. Bon enfant.

À présent, vu que le monde a changé, je n’ai plus ce rapport. La dimension Insta Story est beaucoup trop égotique pour l'époque inédite dans laquelle nous sommes depuis un an. Mais j’ai énormément d’archives-trésors.

Temple Magazine

Peux-tu nous parler de ta résidence au Confort Moderne, notamment le projet musical Bomba Lacryma ?

Lisa Signorini

Le Confort Moderne est un lieu absolument incroyable. ll y règne une atmosphère très unique, indescriptible. Il y a également une énorme fanzinothèque extrêmement pointue. J’y ai fait de très belles rencontres et j’ai pu m’immerger dans Bomba Lacryma. 

Quand on devient amoureux de la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) et qu'une occasion se présente, vous offre le temps de ne faire que ça, c'est un cadeau céleste.

Bomba Lacryma est une façon détournée de dire Bombe Lacrymogène. C'était après avoir été en aquarium de cette substance enfermée dans un bar suite à un affrontement. L'asphyxie du feu se mélangeait à la lacrymogène, c'était Armageddon. Des groupes improbables de gens étaient réfugiés ensemble, à tousser et pleurer. 

Puis, un garçon a gentiment installé Ableton sur mon laptop. J'ai fait mon premier track en pensant à une amie, j'ai chanté des choses qu'elle m'a dit. (https://soundcloud.com/lisasign/dats-right-l)

J'ai appris sa mort le lendemain. 

Je suis depuis, très assidue en Ableton.

Les gens se rapprochent beaucoup plus lorsqu'ils partagent des moments douloureux ensemble, je pense que la même chose opère avec les médiums. 

Ableton, permet de plonger très longtemps dans la création. Le temps s’arrête, on relève la tête, cinq heures sont passées. À la toute base de mon aventure avec ce logiciel, je voulais seulement faire des tracks de house music pour les mettre sur mes vidéos.

Puis j’ai été frappée à quel point créer de la musique est comme un acte magique. C’est une sorte de soin envers soi-même. Ableton est hypnotique à souhait, car les possibilités sont infinies. Je pense que tout le monde devrait se mettre à la MAO. C'est le meilleur outil de transmutation car c'est intime, certes, mais immédiat.

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